Page:Bourget - La Terre promise, Lemerre.djvu/45

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malade la veille de votre arrivée… Elle est si sensible et elle vous aime tant… »

— « Chère mère, » dit le jeune homme en serrant le bras de la jeune fille.

— « Si seulement nous avions su où vous envoyer une dépêche à Naples, » continua-t-elle. « Quand on nous a remis la vôtre, j’ai eu un éclair d’espoir que vous reculiez votre départ à cause de la tempête… J’avais bien envie de vous revoir cependant… C’était neuf heures. Vous étiez en mer. Que le vent de cette nuit-là m’a paru terrible ! Je l’écoutais et je priais… Je pensais aussi à ma pauvre maman et à ce qu’elle a dû éprouver pendant cette affreuse guerre… »

— « Oubliez cela, » dit-il en l’interrompant. Il avait si peur qu’elle n’évoquât des souvenirs d’enfance demeurés vivaces en elle et qui lui mettaient toujours un tremblement mouillé au bord des paupières. — « Oui, » insistait-il, « oubliez cela, comme je vous promets que nous ferons oublier à votre mère tous ses chagrins, les lointains et les récents, les grands et les petits… Si elle m’aime un peu, vous savez que moi je l’aime beaucoup. Je lui garde une telle reconnaissance de vous avoir faite celle que vous êtes… Je l’aurais trouvée hostile à notre mariage que je la lui vouerais encore, cette reconnaissance, rien que pour avoir rencontré en vous ce que j’y ai rencontré, la vivante preuve que les rêves