Page:Bourget - Mensonges, 1887.djvu/405

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parle à son cocher, et le coupé qui repart à vide. Elle marche quelques pas sous les arcades. Elle avait une toilette sombre.— Si je la lui connais, cette toilette ! …— Mon cœur battait. J’étais comme fou. Je sentais que je touchais à une minute décisive. Je la vois qui disparaît sous une porte cochère. J’entre derrière elle. Je me trouve dans une grande cour avec une espèce de passage à l’autre extrémité. La maison avait une autre sortie rue du Mont-Thabor. Je fouille du regard cette dernière rue… Non. Elle n’aurait pas eu le temps de filer… À tout hasard, je m’installe, surveillant la porte. Si elle avait là un rendez-vous, elle ne sortirait point par où elle était entrée. J’ai attendu une heure et quart dans une boutique de marchand de vins, juste en face. Au bout de ce temps, je l’ai vue reparaître, un double voile sur la figure… Ah ! ce voile et cette démarche ! C’est comme la robe, je les connais trop pour m’y tromper… Elle était sortie, elle, par la rue du Mont-Thabor. Son complice devait s’échapper par la rue de Rivoli. J’y cours. Après un quart d’heure, la porte s’ouvre et je me trouve face à face, vous devinez avec qui ? … Avec Desforges ! Cette fois, je la tiens, la preuve ! … Ah ! la coquine ! … »

— « Mais non ! Mais non ! » répondit Claude, « c’est une femme, et toutes se valent. Voulez-vous