Page:Bourget - Un homme d’affaires - Dualité - Un Réveillon - L’outragé, Plon, 1900.djvu/139

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

de la laisser libre… Vous en êtes témoin, San Giobbe ?… » — « J’en suis témoin, » répondit celui-ci. — «  Mon cher San Giobbe, » répartit Nortier, « j’apprécie beaucoup votre dévouement et votre amitié. Mais permettez-moi de vous demander de nous laisser régler seuls, Mme Nortier et moi, une question qui regarde notre fille… Vous me pardonnerez, si je vous froisse, » ajouta-t-il, en arrêtant de la main une réponse du malade, qui avait affreusement pâli, et en soulignant encore par une affectation de courtoisie sa cruelle épigramme : « Je n’en ai pas l’intention, je vous assure… » Puis, s’adressant de nouveau à sa femme : « En quoi ai-je manqué à ma promesse ? Est-ce que je n’ai pas consulté Béatrice ? Est-ce que je ne la laisse pas absolument libre ?… Expliquez-vous… » — « Ce n’est pas vrai, » fit Mme Nortier, avec une vivacité très imprudente dans ce moment de crise aiguë de son ménage ; mais l’insolence de son mari vis-à-vis de son ami avait achevé de l’exaspérer. « Non, ce n’est pas vrai, » insista-t-elle. « Je ne sais pas ce que vous avez dit à Béatrice. Elle ne me l’a pas répété. Mais