Page:Bourget - Un homme d’affaires - Dualité - Un Réveillon - L’outragé, Plon, 1900.djvu/179

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immobile, médusé par le couple qui venait d’entrer dans la salle à manger et qui s’arrêtait devant la table réservée officiellement à Mme de La Charme. Le cavalier était un jeune garçon de dix-neuf ans environ, très fin de tournure et de visage, et que je n’avais jamais rencontré. Mais, dans la femme qui l’accompagnait et qui prenait place en face de lui, dans cette soi-disant Mme de La Charme, célébrée par la Balbi avec une si complaisante déférence, je venais de reconnaître une des princesses du demi-monde parisien, une des plus élégantes parmi les grandes impures de l’époque, avec laquelle j’avais jadis dîné ou soupé quatre ou cinq fois du vivant d’un de nos plus vieux amis : François Vernantes. Il s’intéressait à elle par une espèce d’amitié attendrie et de pitié admirative, et il a laissé dans son journal intime un récit ému de leurs premières relations (voir Un Scrupule). — Mme de La Charme n’était rien moins que la toujours jolie, la toujours jeune Blanche de Saint-Cygne. Ai-je besoin d’ajouter que cette charmante femme n’a pas plus de droits à l’un des deux