Page:Bourget - Un homme d’affaires - Dualité - Un Réveillon - L’outragé, Plon, 1900.djvu/21

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que, dans l’année qui a suivi cette présentation, Mme Nortier a donné naissance à une fille dont la ressemblance avec le bel Italien serait à elle seule une révélation, et cette révélation est rendue plus indiscutable par une autre ressemblance, celle de sa sœur aînée, l’enfant légitime, celle-là, avec Nortier ! Ajoutez que, par une de ces imprudences comme en ont les femmes très amoureuses, la mère a osé appeler cette fille, qu’elle a eue de son amant, sans aucune raison de parrainage, du nom de Béatrice, traditionnel dans la famille San Giobbe, au lieu que l’ainée s’appelle tout simplement Françoise, du nom de la mère de Nortier, le seul être pour qui le financier ait eu un peu de tendresse au cœur. Cette Françoise, lourde et ramassée, avec les épaules et la démarche plébéiennes, comme son père, est une forte Beauceronne, née pour aider un laboureur au dur travail de la ferme. Elle est cela aussi évidemment que Béatrice, longue et fine, avec ses grands yeux noirs, sa chaude pâleur, les délicatesses de ses pieds et de ses mains, est une fille noble et une méridionale faite pour prendre des sorbets par les chauds après-midi d’