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ombre d’un grand massif de lauriers. Je m’y cachai aussi. L’extrême finesse de son ouïe ne l’avait pas trompée. Deux promeneurs s’avançaient dans l’allée, dont la voix connue lui était arrivée par-dessus la muraille, bien vague, bien indistincte ; mais la mère avait discerné le timbre de son fils. De ces deux promeneurs, qui marchaient ainsi d’un pas alangui, l’un était bien le jeune Percy. Quoique je ne pusse pas voir son visage, je ne me trompais pas, moi non plus, à son élégante et svelte silhouette. L’autre était une jeune fille. Je n’avais pas prêté à miss Cobay une attention suffisante pour la reconnaître. Je ne doutai cependant pas une minute que ce ne fût elle. Le trouble de la mère me le disait trop. Le pas des deux jeunes gens se faisait plus lent à mesure qu’ils s’enfonçaient dans la partie obscure de l’allée. Ils se taisaient maintenant. A travers les branches des arbustes où nous nous cachions, nous pûmes les voir, qui, d’abord, séparés l’un de l’autre par une distance d’un mètre environ, se rapprochaient, et nous entendîmes que le jeune homme recommençait de parler, d’une voix si basse que nous n’en entendions qu’un chuchotement. A une seconde,