Page:Bourget - Un homme d’affaires - Dualité - Un Réveillon - L’outragé, Plon, 1900.djvu/224

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affaires des autres… " me répétais-je en remontant vers ma chambre, encore plus mortifié qu’étonné de ce départ subit. Y a-t-il, flottante autour de toutes les femmes que l’on sait légères, je ne sais quelle atmosphère de désir qui fait que l’on n’est jamais avec elles absolument simple ? Certes, ma conscience ne me reprochait vis-à-vis de Blanche aucune arrière-pensée. Je n’avais pas eu la plus vague intention de hasarder auprès d’elle une ombre de cour, à l’occasion du service qu’elle m’avait demandé. Et pourtant j’étais froissé, étrangement, intimement froissé, qu’elle s’en fût allée sans essayer de me revoir. Cet assez mesquin sentiment, que je mentionne comme une anomalie de plus dans cette histoire où tout fut anomalie, dura quelques minutes à peine, le temps de monter l’escalier, d’ouvrir ma porte et de voir, posée sur la table, une enveloppe à mon nom dont la présence m’expliqua le regard singulier du malicieux Tanghen. Evidemment la voyageuse la lui avait confiée, ou bien, si elle était entrée elle-même dans la chambre pour placer sa missive en évidence, quelque domestique avait surpris et rapporté au