Page:Bourget - Un homme d’affaires - Dualité - Un Réveillon - L’outragé, Plon, 1900.djvu/235

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

es avec un Anglais. Il n’y avait vraiment qu’un Anglais capable d’être à la fois pensionnaire de la signora Balbi à Rapallo et propriétaire d’un domaine aux Bahamas, le tout aussi naturellement, aussi simplement qu’un habitué de café de la Canebière à Marseille possède un cabanon sur la Corniche, ou le commerçant assis au comptoir d’une boutique rue d’Aboukir, à Paris, une bicoque à Bois-Colombes. Il n’y avait qu’un Anglais pour avoir conçu, sans dire ouf, cette entreprise tout ensemble cocasse et sublime, romanesque et positive, de rédemptorisme exotique, dont celui-ci m’avait, avec un admirable flegme, résumé d’un mot le programme. Et de même, il n’y avait qu’une Blanche dans le demi-monde capable de tenir, pendant des jours et des jours, le rôle d’une veuve pas très fortunée, mais irréprochable, en villégiature avec son fils, au point de provoquer chez un personnage aussi pénétré de respectabilité que le père de miss Cobay un intérêt assez puissant pour aboutir à cet accès d’apostolat. Je la voyais déjà, tentée elle-même par le paradoxe de cette fin de vie, acceptant l’offre du général, embarquée sous son nom vertueux à bord du transatlantique