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quai du Vieux-Môle le matin où je savais que le Feldmarschall Moltke - c’était le nom du paquebot - partait de Gênes. D’ailleurs, le travail pour lequel j’étais venu m’exiler à l’albergo Balbi, già del Leone, devint de plus en plus pressant. Il m’absorba bientôt au point de me faire oublier et les complications sentimentales de la pseudo-Mme de La Charme, et l’idylle de Cynthia Cobay avec le jeune Percy, et l’étonnante charité du major général en retraite. Cette besogne finie, je ne pus résister à l’éternel attrait de la Toscane trop voisine. Je m’y attardai si longtemps que j’étais encore à Sienne au mois de juin, mal placé, on en conviendra, pour avoir des nouvelles du monde et du demi-monde. Le hasard voulut qu’à mon retour je ne rencontrasse aucun des camarades qui me permettent une ou deux fois l’an de reprendre contact avec le Paris qui s’amuse. Et puis, en eussé-je rencontré un, que j’aurais considéré comme sacrée la confidence de la pauvre « Tristesse et Malines ». On jugera donc de mon étonnement lorsque, assis à l’orchestre du Théâtre-Français, cet automne, pour assister à la reprise du Pardon, ce petit chef-d’œuvre de marivaudage