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Enfin, il devait à son maître les premiers éléments du sanscrit. Il lui devait surtout une discipline qui m’émerveille encore aujourd’hui lorsque je me rappelle mes visites à cet appartement de la rue de Fleurus. Du balcon, je voyais les cimes des arbres verdoyer ou blondir dans le jardin, suivant la saison ; les blanches statues des reines, le palais grisâtre, puis, à l’horizon, le dôme lustré du Panthéon par delà les toits d’ardoises. Un ordre minutieux régnait dans les trois pièces. La bibliothèque, par le choix de ses livres, proclamait les curiosités complexes du maître du logis : les poèmes de Gœthe et de Heine, dans le texte, y voisinaient avec les partitions de Schumann et de Beethoven ; les travaux de Delaunay sur la lune coudoyaient les plus récents mémoires de l’Académie des inscriptions ; et la journée de Charles était si exactement distribuée, son emploi de temps réglé avec une telle précision, qu’il trouvait le moyen de pousser de front les disparates études que ces volumes représentaient. Il était soutenu dans ces travaux par ce mélange singulier de patience et d’enthousiasme pour la vérité qui dut se rencontrer au même âge chez le