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Paris sans que le travail sur le médaillier de la Bibliothèque nationale fût fini, ce qui prouve que la jeune Mme Mitford n’était guère moins romanesque de son côté que son romanesque amoureux, et qu’elle avait dû éprouver, de la révélation apportée par son mari sur les mœurs de Charles, un chagrin à ne plus pouvoir supporter le séjour de la petite maison de Passy où elle s’était laissée aller à aimer mon charmant ami. Je gagerais, sans en rien savoir, qu’elle n’a pas emmené en Angleterre le piano sur lequel couraient ses doigts tandis que Charles - celui qu’elle appelait sans doute le perfide Charles - l’accompagnait sur le violon… Émouvante et pure idylle, où les mélodies de Beethoven, de Schumann, éveillaient en eux, à leur insu, le délicieux et mortel tourment d’amour ! Et il faut que la jolie Anglaise en ait été touchée à une profondeur singulière pour avoir gardé à la mémoire de mon ami la rancune dont le hasard m’a donné la preuve cette année. C est l’épilogue ironique de cette véridique histoire où j’ai été acteur, mais si peu et quorum pars parva fui, — pour parler comme eut parlé mon camarade dans ses instants d’inoffensif