Page:Bourget - Un homme d’affaires - Dualité - Un Réveillon - L’outragé, Plon, 1900.djvu/46

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des feuilles mortes, naïvement et profondément : — « Quel éclairage, là-bas, sur ces bouleaux, avec l’écorce blanche de leurs troncs et leurs feuilles d’or !… » disait-elle. « Et le chêne, tout contre, qui reste vert !… C’est le plus joli moment de l’année, surtout quand il n’y a pas trop de monde au château et qu’on ne retrouve pas Paris à la campagne, comme hier… » — « Vous étiez si gaie, pourtant ? » interrogea-t-il, « je n aurais jamais cru que ces messieurs vous ennuyaient… » — « Je faisais mon devoir de jeune fille, » dit-elle en hochant sa tête rieuse. " C’est comme au bal. A quoi bon montrer aux indifférents ce qu’on pense ?… » — « Et vous pensiez ?… » demanda-t-il. — « Je pensais que je serais bien contente d’être à aujourd’hui… pourvu qu’il fît beau, » ajouta-t-elle mutinement, afin de sauver ce que sa phrase impulsive avait eu de tendre : « et il fait si beau !… » — « Ah ! " dit-il, « je commence à croire que vous ne trouveriez pas trop laide notre vieille maison de Picardie, qui n’a pour elle que