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siècle et la profusion de ses fleurs et de sa vieille argenterie, elle attestait la générosité des amis successifs de Camille et en dernier lieu celle du financier. La toilette valait le mobilier. L’actrice avait une de ces robes faites pour la chambre, toute en soie souple, en broderies et en dentelles, où les grands couturiers déploient la libre fantaisie de leur imagination, n’étant plus retenus par aucune limite de prix. La nuance fleur de pêcher de cette étoffe s’harmonisait merveilleusement à la beauté délicate de la jeune femme. Camille, avec ses traits menus, le blond cendré de ses cheveux, la fine attache de son cou un peu long, garde encore aujourd’hui, malgré ses dix ans de théâtre, la grâce d’ingénuité qu’elle avait à ses premiers débuts, — pour ceux du moins qui ne l’ont pas connue alors. Pour les autres, la différence d’expression est trop cruelle ! Ils trouvent la fille où ils ont connu l’enfant, comme ils retrouvent le drôle dans le grand seigneur qu’est resté aussi en apparence le petit marquis de Longuillon. Et voici les discours qu’ils échangeaient, après avoir renvoyé le maître d’hôtel, et tout en fumant, entre deux