Page:Bourget - Un homme d’affaires - Dualité - Un Réveillon - L’outragé, Plon, 1900.djvu/72

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

amie. On n’entretient pas une des gloires de la Comédie pour s’amuser, — mais pour avoir une grande allure d’homme de goût, presque de bienfaiteur des arts et des artistes ; — mais pour s’assurer une nouvelle réclame à ses talents de financier et entendre dire, chuchoter : « Faut-il qu’il gagne de l’argent, le lascar, il dépense cent mille francs par an pour Favier ; » - mais pour avoir un second salon, plus commode, à côté de l’officiel, une maison où donner d’autres dîners, où faire des politesses sans conséquence à une clientèle plus mêlée ; — mais pour mettre en campagne, au besoin, une complice fine comme tout un congrès de diplomates et conclure par elle certains marchés, sans s’y être sali les mains. C’était le cas aujourd’hui. Comment un témoin, s’il s’en était trouvé un pour assister à cette apparition du financier dans cet élégant décor, eùt-il soupçonné qu’il arrivait comme un des garçons de recette à livrée verte qui parcouraient Paris aux frais de son Comptoir, pour encaisser un effet de commerce ? C’en était un que cette promesse de parrainage princier dans un cercle difficile, négociée par la jolie fille à qui l’amant sérieux baisait