Page:Bourget - Un homme d’affaires - Dualité - Un Réveillon - L’outragé, Plon, 1900.djvu/95

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moins que l’idée de la principauté de la Tour-Enguerrand ne lui tourne la tète, » fit San Giobbe. « Cela m’étonnerait pourtant. Elle est solide, cette tête… » — « Je vais bien le savoir, » reprit la mère, qui, aussitôt, laissant son ami et Béatrice causer ensemble, emmena son mari dans un coin de la pièce, et elle commença de lui parler à mi-voix, avec l’insistance tour à tour insinuante et interrogatrice d’une femme qui veut arracher à son interlocuteur toutes ses objections. Elle se leva de cet entretien, prolongé pendant une heure, la physionomie à la fois excitée et rassérénée : — « Ça été dur, » dit-elle tout bas à San Giobbe. « Mais vous aviez raison, c’est le titre évidemment qui le tente. Avant de répondre d’une manière définitive, il veut causer avec Béatrice. C’est trop juste… » — « Et quand cela ? » demanda San Giobbe, qui regardait la jeune fille en train de préparer la table à jeux pour le bésigue que les époux Nortier et l’ami du ménage faisaient classiquement, en famille, quand il n’y avait pas d’hôtes au château. « 11 retourne à Paris demain matin,