Page:Bourget - Une idylle tragique, Plon-Nourrit.djvu/13

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Une foule énorme se pressait, ce soir-là, — un des derniers du mois de février 188., — dans les salles de la maison de jeu de Monte-Carlo. C’était un de ces instants, passagers mais bien connus de ceux qui ont hiverné une saison sur la Corniche, où un prodigieux et soudain afflux d’humanité composite transfigure cet endroit, si vulgaire d’habitude et par son luxe brutal et par la qualité des êtres auxquels il suffit. La furie de plaisir déchaînée à travers Nice durant ces quelques semaines du Carnaval attire sur ce petit coin de la Rivière la mouvante légion des oisifs et des aventuriers ; la beauté du climat y retient par milliers les malades et les lassés de la vie, les vaincus de la santé et du sort ; et, par certaines nuits, lorsque d’innombrables représentants de ces diverses classes, épars d’ordinaire le long de la côte, s’abattent à la fois sur le Casino, leurs caractères fantastiquement disparates éclatent en de folles