Page:Bourget - Une idylle tragique, Plon-Nourrit.djvu/367

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tête-à-tête avec ce jeune homme ! Elle se souciait bien des convenances, en ce moment ! Son agitation était telle qu’à la réponse rapportée par sa femme de chambre que M. Hautefeuille allait venir, elle dut s’asseoir. Ses jambes ne la soutenaient réellement plus. Quand il entra dans la chambre, cinq minutes plus tard, elle ne lui laissa pas le temps de la saluer, de l’interroger. Elle se précipita sur lui comme une bête sur une proie, et, lui prenant le bras de sa main frémissanté, elle lui dit, avec l’incohérence d’une insensée, qui voit son idée et qui ne voit pas celui à qui elle parle :

— « Ah ! vous voilà… Vous avez deviné que je me doutais de quelque chose… Il faut que vous alliez dire à Olivier que je sais tout, vous entendez, tout, et le ramener. Mais allez, allez… S’il ne revient pas, je sens que je deviens folle… Monsieur Hautefeuille, vous avez de l’honneur, du cœur. Vous devez trouver cela bien mal pourtant, qu’après six mois de mariage il retourne où il est retourné… Je vous en supplie, allez lui dire qu’il revienne, que je lui pardonne, que je ne lui parlerai de rien. Je ne sais pas lui montrer que je l’aime… Mais je l’aime, je vous jure que je l’aime… Ah ! ma tête se perd… »

— « Mais, madame, » avait répondu Pierre, » qu’y a-t-il ? Que se passe-t-il ? Où puis-je aller chercher Olivier ? Que savez-vous ? Que vous a-t-il caché ? Où est-il retourné ? … Je vous affirme que je ne vous comprends pas… »

— « Ah ! vous aussi, vous me mentez ! » avait