Page:Bournon - Anna Rose-Tree.djvu/267

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pour la promenade, car je n’en ai jamais vu d’auſſi belle, & d’auſſi peu fréquentée : un ſeul homme s’y rencontre d’habitude, mais il nous fuit toujours avec un ſoin extrême ; ſon air eſt noble & ſa figure agréable ; il eſt vêtu à l’Angloiſe, rien de plus ſimple que ſes habits ; il doit être tourmenté par des idées bien triſtes, car ſon maintien eſt penſif & ſombre : ſes regards ſans ceſſe fixés ſur la terre, ne s’en détournent un inſtant que pour reprendre au plutôt leur première occupation. Cet Homme excite notre curioſité, & j’avoue que dans mon particulier, j’aurois grande envie de le connoître ; mais en voilà aſſez ſur le chapitre d’un inconnu. Au reſte, ma belle Anna, ne vous attendez pas à apprendre de moi des nouvelles intéreſſantes ; mon amitié pour vous, & les déſirs que je forme pour votre bonheur, voilà ſur quoi rouleront mes Lettres ; la vie monotone que nous menons ici ne me fournit pas d’autre ſujet d’entretien. J’attends de vos nouvelles avec bien de l’impatience ; malgré votre négligence, je n’en ſuis pas moins la plus tendre de vos Amies.

Émilie Ridge.

De Saint-Germain-en-Laye, ce … 17