Page:Bournon - Anna Rose-Tree.djvu/275

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

garde, quand elle a bien grondé, elle ſe tait ; au reſte elle a bon cœur & ſe plait à rendre ſervice. — Cette qualité, dis-je, efface tous ſes défauts. — Vous raiſonnez bien, me dit Monſieur Salked, en me frappant ſur l’épaule ; je vous crois de l’eſprit, les Dimanches nous cauſerons : vous ſerez bien aiſe d’apprendre de moi bien de petites choſes, les vieux en ſavent plus que les jeunes, &… Mais voici le dîner, allons, mes enfans, de l’appétit. Je pris place entre Liquorice & Monſieur Salked ; Peggi étoit vis à vis, entre la Maîtreſſe & une petite Vachère. À un des bouts de la table étoit le Garçon chargé de mener les chevaux à l’herbe : le plaiſir de voir Peggi, d’être à table avec elle, m’avoit ôté l’envie de manger ; j’étois ivre d’amour & de joie. De toute la journée je ne pus me trouver ſeul avec ma Maîtreſſe, le haſard me procura ce bonheur. Le lendemain matin, mon Maître m’ordonna, par extraordinaire, de labourer un carré de jardin, pendant que mon Couſin (c’eſt Liquorice) feroit l’ouvrage de la maiſon. À peine avois-je commencé, que je vis venir la charmante Peggi ; elle gagna un carré plein de légumes ; je fus à ſa ren-