Page:Bournon - Anna Rose-Tree.djvu/295

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Amis ; c’eſt un Anglois ; notre connoiſſance s’eſt faite aſſez ſinguliérement pour que je vous la raconte.

Notre intention, plutôt que le haſard, nous conduiſoit toujours à ſa rencontre ; un ſoir que nous ne l’avions pas vu, & que nous en étions comme inquiets, nous l’apperçûmes enfin aſſis au pied d’un arbre. En nous approchant, il nous ſembla qu’il n’avoit pas une poſition naturelle. Effectivement, un livre qu’il tenoit étoit prêt à lui échapper des mains, & ſa tête poſoit ſur ſa poitrine. — Bon Dieu, m’écriai-je, cet homme ſe trouve mal ! Nous courons à lui, l’infortuné étoit pâle & reſpiroit à peine ; Mylady lui fit avaler de l’eau de Cologne qu’elle avoit ſur elle. Il revint à lui, nous fit des excuſes, & nous remercia dans les meilleurs termes. Quand il fut tout à fait remis, il nous aſſura que cet accident étoit le premier de ce genre qui lui étoit arrivé. C’eſt peut-être la lecture de ce livre, dis-je, en ramaſſant celui qu’il liſoit, qui vous aura trop attendri. Je fus ſurpriſe de voir qu’il étoit écrit dans notre langue (car il parle ſupérieurement François). — Vous êtes donc Anglois, lui dis-je auſſi-tôt ? Il me