Page:Bournon - Anna Rose-Tree.djvu/62

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pour y rêver à mon aiſe ; je pris, ſans m’en appercevoir, le chemin du boſquet où j’avois un jour trouvé Andrew. Le ſouvenir de mon portrait m’agita extraordinairement. Eſpérant que la lecture de votre Lettre chaſſeroit toute autre idée, je la mis ſous mes yeux ; le remède fut efficace. Je ne penſois plus qu’à vous. La nuit me força à rentrer ; l’heure de ſe retirer arrivée, je monte dans ma chambre : l’image chérie de celui que je n’oſe nommer, vint encore m’occuper. Il faut, dis-je, oppoſer à cette penſée la Lettre de mon Émilie. Je la cherche vainement, & je m’apperçois avec douleur qu’elle eſt perdue. J’aurois volontiers volé au jardin pour la chercher : mais toutes les portes ſe ferment à onze heures ; & il étoit minuit. J’attendis le jour ſans me coucher, dans des inquiétudes affreuſes. À ſept heures, je courus au jardin. Andrew s’y promenoit déjà : mes perquiſitions furent vaines ; la Lettre n’étoit dans aucun des endroits que j’avois parcourus la veille. Andrew m’aborda. — Miſs n’auroit-elle pas perdu une Lettre. — Juſtement ! c’eſt elle que je cherche : donnez-la-moi. — La voilà, me dit-il, en me la préſentant. — Je me flatte que vous n’en avez pas lu