Page:Bournon - Anna Rose-Tree.djvu/88

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tardai pas à me rétablir. Le vrai moyen pour ſe bien porter & ne redouter aucune ſuite fâcheuſe, eſt de nourrir ſoi-même ; au bout de quelques jours Honnora écrivit à Mylord que ce n’étoit qu’une fièvre & qu’il pouvoit revenir ſans crainte ; il revint avec Mylady, mais on laiſſa mon Frère à Londres. Pendant leur abſence Honnora s’étoit munie d’un panier qui pouvoit tenir ſous ma toilette couverte de mouſſeline. Ma Fille, qui ſembloit d’intelligence avec nous, ne pouſſoit jamais un cri. Quatre fois par jour je montois pour lui donner le ſein ; huit mois ſe paſſèrent de cette ſorte. Je penſois ſans ceſſe à Browne, mais la préſence de ma Fille ſéchoit les larmes que l’abſence de ſon Père faiſoit couler. Malheureuſement il ſe préſenta un parti très-avantageux pour moi. Mon Père me le dit en m’aſſurant qu’il trouveroit très-mauvais que ſon choix ne fût pas de mon goût. J’oſai faire des repréſentations : Mylord les accueillit fort mal. Je m’adreſſai à Mylady. Elle étoit abſolument de l’avis de ſon Époux. Je tâchai de gagner du temps, mais bientôt me fut impoſſible d’éluder davantage.