Page:Boursault - Théâtre, tome premier, Compagnie des Libraires, 1746.djvu/371

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CRISPIN.

Et je veux ce qu’il veut, pour lui plaire.Ah la jouë !

Le second NICANDRE.

Quel sujet te fait plaindre, & pourquoi le cacher ?
C’est peut être une dent qu’il te faut arracher ;
Une dent peut suffire à gâter une bouche,
Songes-y. Mais répons sur le fait qui me touche ;
As-tu vû mon hôtesse, aura-t-elle tout prêt ?…

CRISPIN.

A cela, mon ami, je n’ai point d’intérêt ;
Où vas-tu ? d’où viens-tu ? dis le moi tout-à-l’heure.

Le second NICANDRE.

Que me dit ce coquin ! Je t’assomme ou je meure :
Parle ; dois-je tout craindre, ou ne redouter rien ?

CRISPIN.

Mais de bien te connoître, offre-moi le moyen ;
Que veux-tu ? Quel es-tu ?

Le second NICANDRE.

Que veux-tu ? Quel es-tu ?Qui je suis, double traître ?
Je puis facilement te le faire connoître :
Et sans avoir besoin d’être si retenu…

CRISPIN.

Ah ! Démentibuleur ; je l’ai trop reconnu.
De ne pas l’ignorer à présent je me pique ;
Et ma jouë en peut être un témoin authentique.