Page:Boursault - Théâtre, tome premier, Compagnie des Libraires, 1746.djvu/410

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Ma flamme impétueuse est pour vous trop fidelle
Pour convaincre d’erreur une bouche si belle :
Pourtant quelques respects dont je sois combattu,
Ce que vous nommez foible est toute ma vertu.
Il est doux d’être aimé, c’est avoir de la gloire ;
Mais s’il est doux de l’être, il est doux de le croire.
Vous avez tant d’appas, je mérite si peu,
Qu’un équitable doute accompagne mon feu.
Je dois à l’apparence un amour qui m’honore ;
En voyant mes défauts m’aimerez-vous encore ?
Consultez-vous, Madame, & sans précipiter…

HIPOLITE.

Toi-même, ingrat, toi-même ose te consulter.
Avouë ingénument que tu ne peux sans peine
Pour aimer Hipolite abandonner Isméne ;
Et que de mes bontés l’injurieux excès
De ta premiére flamme empêche le succès.
Afin que ton destin à mon destin s’attache,
J’ai sçû faire moi-même à moi-même une tache ;
On me croit abusée, on te croit suborneur ;
Et l’on doit te contraindre à me rendre l’honneur.
Je te l’ai déjà dit, & ton ame est instruite…

Le premier NICANDRE.

Je l’avois oublié, généreuse Hipolite,
Mais il m’en ressouvient, & d’un cœur amoureux