Page:Boursault - Théâtre, tome premier, Compagnie des Libraires, 1746.djvu/415

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CRISPIN.

Je m’en suis, par ma foi, revenu de moi-même.
Considérez le tour que je viens de joüer.
Mes Archers occupés à me faire écroüer,
Avoient mis à la porte un niais à merveille ;
Moi trouvant sur un banc cette chere bouteille
D’une joye effrontée étouffant mon chagrin,
Je lui suis allé dire, Où vend-on de bon vin ?
J’ai céans des Amis que je veux faire boire.
A la belle épousée, ou bien à la Croix noire,
Me répond bonnement mon niais d’apprenti ;
Aussi-tôt porte ouverte, aussi-tôt moi sorti,
Puis plus vîte qu’un Basque enfilant la venelle,
Passant d’une ruelle en une autre ruelle,
J’ai tant fait qu’à la fin j’ai trouvé le moyen…
Mais, ô Monsieur, Monsieur… Ne bougez ce n’est rien.
Votre bourreau d’amour à cent craintes m’expose.

Le premier NICANDRE.

De ton dernier malheur je suis la seule cause.
Mais n’appréhende plus de t’y voir exposé,
Ma Maîtresse est contente, & son pere appaisé.
On m’attend de ce pas dans le Cours de la Reine,
Je veux à mon retour reconnoître ta peine.
Je reviens dans une heure, attens-moi dans ce lieu.