Page:Boursault - Théâtre, tome premier, Compagnie des Libraires, 1746.djvu/439

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Le second NICANDRE.

Quoi, tu n’as ni pourpoint, ni casaque, ni chausses ?
Ils ont tout avalé sans rien mettre à l’écart ?

CRISPIN.

Nenni pas tout à fait ; j’en ai mangé ma part.
Mais ce qui me contente, ils ont l’ame assez franche.
Outre qu’ils m’ont promis que j’aurois ma revanche,
Ils souffrent bonnement que je rie avec eux ;
Et j’ai déjà la boëte à quêter pour les gueux.
J’y ferai bien mon compte.

Le second NICANDRE.

J’y ferai bien mon compte.Et comment, ridicule ?

CRISPIN.

Et par le petit trou quand on ferre la mule.
Ah ! que j’aurai bientôt regagné mon habit.

Le second NICANDRE.

On n’y met rien.

CRISPIN.

On n’y met rien.Ma foi ! l’on me l’a déjà dit.
Mais si l’on m’y mettoit, c’étoit bien mon affaire.

Le second NICANDRE.

Ce n’est certes qu’à moi que le sort est contraire.
Mais sortons de ce lieu ; je vais faire un écrit…

CRISPIN.

N’en sortons point, Monsieur, que je n’aye un habit,
Je vous en prie.