Page:Boursault - Théâtre, tome troisième, Compagnie des Libraires, 1746.djvu/486

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Si je lui faisois tort j’en aurois du regret ;
Je le sens bien.

ESOPE.

Je le sens bien.D’où vient qu’elle vous est si chere ?

LEONIDE.

Pour m’avoir méconnue en suis-je moins sa mere ?

ESOPE.

Vous, sa mere ?

LEONIDE.

Vous, sa mere ? Oui, Monsieur ; Si cet aveu lui nuit,
Je consens avec joye à n’en faire aucun bruit.
Après l’avoir pleurée, & cru sa mort certaine,
Un Marchand de Sardis qui vint à Clazomène,
Au bout de quatorze ans m’ayant appris son sort,
Je pars, je cours, j’arrive, & fais naufrage au port.
Pour le prix de mes soins, j’ai la douleur amere
De trouver un enfant qui méconnoît sa mere,
Et contrainte à partir pour retourner si loin,
J’implore vos bontés dans le dernier besoin ;
Pardon, si jusqu’à vous ma douleur est venue !

ESOPE.

Rhodope est votre fille, & vous a méconnue !