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sa petite patrie. Il avait reçu du cardinal Carracioli le corps de sainte Quinte ; il l’offrit à sa paroisse et l’apporta lui-même. Le peuple de Servian reçut solennellement la sainte Relique, le 18 juillet 1717. Voici un extrait du Registre : « Le Maire, les Conseils, les principaux bourgeois de la ville, le Curé avec 12 prêtres invités, se portèrent au devant de la relique. Une grande procession se déroula dans le grand tour de ville ; 12 fusiliers déchargeaient des salves d’artillerie, alternés avec les chants des Pénitents et du Clergé, interrompus par des violons qui jouaient des airs agréables. La relique fut montrée au peuple, elle se composait d’un petit vase qui pouvait autrefois avoir été plein de sang, d’un papier plein d’ossements brisés, de plusieurs autres gros morceaux d’os dispersés sur du coton ».

« Le tout fut placé dans une fort belle châsse en bois doré, offerte par les Pénitents. Dans la châsse était déposé un petit matelas en coton couvert de taffetas rouge semé de petits rubans de diverses couleurs. L’acte authentique de donation avec le visa de l’évêque, un petit papier où était seulement le nom de la Sainte, existent encore intégralement.

Le P. Crassous ajoute « Je fermai le reliquaire et le cachetai en 5 endroits avec de la cire d’Espagne où j’appliquai 5 fois mon cachet consistant en un taureau sur un champ d’argent, avec un croissant au-dessus surmonté des armes des Carmes et d’une couronne ducale soutenue par deux supports. Cela fait, je plaçai la châsse dans l’armoire que j’avais fait creuser dans le milieu de l’autel pour la conserver tant qu’il plaira à Dieu de conserver l’église des Pénitents. Cet acte authentique de la sainte relique, dans son état actuel, répond parfaitement à cette description. Le reliquaire en bois doré existe toujours avec les mêmes cachets de cire. Pendant la Révolution, une famille dévouée cacha dans sa maison ces objets précieux et les rendit aux Pénitents à l’ouverture des églises. Le corps de sainte Quinte est conservé dans la chapelle des Pénitents, il est en quelque sorte le Palladium de la cité. Nos archives ont conservé le souvenir de la guérison de Paulhane, qui après une longue paralysie se voua à la Sainte et put, malgré son grand âge, suivre la procession et « depuis va et vient dans sa maison et dans le village. »

Toute cette relation est signée Berthold Crassous, assistant général des Carmes de France, François Mas prieur, Pierre Cristou sous-prieur, Jean Viales syndic.

Cette relation nous renseigne sur les reliques conservées encore dans la chapelle des Pénitents : sainte Espésienne, le buste de saint Donat, et saint Victor. Elle ajoute que le soir de cette fête, on fit un grand feu de joie devant le château avec décharge de boetes.