Page:Boussenard - La Terreur en Macédoine, Tallandier, 1912.djvu/117

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CHAPITRE VIII


Bas les armes ! — Raison retrouvée. — La Folle a parlé. — Suprême audace. — Enfin sauvés. — Marko subit la volonté de la démente. — Une idée. — Pour se venger. — Drame qui finit en comédie. — Le cortège. — Enfin seuls. — La rivière. — Nikéa en éclaireur. — Le désastre de Salco. — Les quatre premiers soldats de l’Indépendance.

Nikéa !… Nikéa !… oui, c’est elle… la chère aimée… la fiancée douloureuse… l’épouse d’une heure, dont l’union tragique n’a pas eu de lendemain.

Ce nom, murmuré d’une voix éteinte, d’ailleurs personne ne l’entend, car l’attention de tous est concentrée sur la femme qui s’élance vers les condamnés.

Elle va… elle va, de cette allure saccadée… avec ces gestes crispés des déments… des gestes qui semblent des malédictions et, sur son passage, chacun s’écarte avec un respect mêlé de terreur. Marko lui-même frissonne et baisse la tête, comme si la blanche apparition était le spectre vengeur des martyrs de Salco.

Quelques voix effarées chuchotent :

« La folle !… la folle !… que va faire la folle ?… »

Elle arrache le voile blanc qui cache le bas de sa