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la terreur en macédoine

« Je voudrais être ce vice-roi, ou tout au moins ce vali d’Albanie !

— Tu as bel appétit ! ajoute avec un gros rire plein d’ironie Omer-Pacha.

— Oui ! un appétit qui n’est inférieur ni à mon ambition, ni à mes mérites, ni surtout à mes moyens.

— Je n’en disconviens pas !

« Mais pourquoi me fais-tu cette confidence, alors que tu viens de te déclarer rebelle à moi, le premier magistrat de la province, dont le devoir est de te faire arrêter ?

— Parce que tu es tout-puissant à la cour du sultan… parce que tu es l’intime ami, d’aucuns disent l’âme damnée du grand vizir Mourad qui n’a rien à te refuser.

— Et tu as compté sur moi pour…

— Pour me faire nommer de suite, et en attendant mieux, vali d’un vilayet quelconque d’Albanie…

« D’abord le titre… Plus tard, je saurai bien obtenir le reste, à moi tout seul.

— Et si je ne voulais pas ?

— Tu voudras, parce que tu es pauvre et que tout s’achète, même le concours d’un vali…

— Tu tombes mal, car, si je suis pauvre, c’est que ma conscience n’est pas à vendre.

— Bah ! riposte Marko avec une belle assurance, en y mettant le prix… voyons… accepterais-tu deux mille bourses (227.000 fr.) ?…

— Non !

— Quatre mille !…

— Non !…

— Huit mille (914.000 francs) !…payables en or… dans les quarante-huit heures et d’avance…