Page:Boussenard - La Terreur en Macédoine, Tallandier, 1912.djvu/170

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de la cave, on improvise deux pinces. Peu robustes, mais suffisantes pour former des leviers, on s’en sert pour faire sauter le premier rang de pavés.

« Les autres viennent tout seuls ! s’écrie joyeusement Soliman qui s’escrime à corps perdu.

— Apportez-les !… apportez-les !… » commande Joannès debout derrière la grande porte.

Intrépide et vigoureuse comme un homme, Nikéa, de ses doigts délicats, saisit les lourdes pierres et accourt vers son mari qui les entasse avec une hâte fiévreuse.

Une hâte qui n’exclut pas la symétrie. Un premier rang se dresse. Puis un second, puis un troisième se superposent. Michel, Panitza, les deux zaptiés prêtent main-forte à la jeune femme.

Joannès, infatigable, s’acharne à la construction de cette muraille qui est aussi une barricade. En moins de deux heures l’entrée est complètement obstruée.

« À présent, aux autres ouvertures ! » commande le jeune homme dont le front ruisselle.

Au loin, on entend toujours les hurlements des bourreaux et les plaintes déchirantes des victimes. De tous côtés les flammes ronflent et se tordent au milieu des nuages de fumée.

Les six travailleurs continuent sans relâche. Par bonheur, les pavés ne manquent pas et bientôt la maison, formant comme un bloc plein, est devenue une véritable forteresse.

« C’est fait ! qu’ils viennent donc ?… s’écrie Michel avec une implacable résolution.

— Remontons sur la terrasse !

— Vite !… vite les fusils, et haut le pied !… la danse va commencer. »