croisées. Quelques-uns portent le petit jupon blanc — la fustanelle albanaise.
La lampe éclaire le visage de l’homme au revolver.
« Tiens ! dit de sa voix tranquille Soliman, le pope Athanase !… bonjour ou, plutôt, bonne nuit, pope !
— Moi-même ! Salut à toi, ami.
« Tu es porteur de mauvaises nouvelles… sois le bienvenu. »
C’est un homme d’une trentaine d’années, grand, large, herculéen. Avec cela, une tête d’apôtre, de beaux yeux bleus, une fine barbe blonde, une bouche souriante d’enfant.
« Voyons, que nous annonces-tu ?
— Des choses terribles ! Koumanova est à feu et à sang… il y a deux mille personnes d’égorgées… Joannès et les siens, assiégés dans une maison, font une défense héroïque… ils vont périr s’ils ne sont secourus…
« Comment ! tu ne sais rien ?
— On a vu l’incendie… Des émissaires sont partis et ne sont pas revenus.
— Cela ne m’étonne pas ! ils ont été pris et massacrés.
— Par le Dieu vivant, voilà qui est horrible et crie vengeance !… N’est-ce pas, amis ?… »
Les hommes qui écoutent silencieusement, dans l’ombre, se lèvent et crient d’une voix terrible :
« Oui !… vengeance aux victimes… et secours à ceux qui sont en péril !
— C’est mon avis !… Joannès est notre grand chef… l’âme du mouvement libérateur, il ne doit pas succomber.
— Alors, que comptez-vous faire ?