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la terreur en macédoine

— Tu es un fieffé coquin, digne du plus profond mépris.

« Mais les hommes de ta sorte sont utiles en temps de guerre.

« Ne crains rien ! tu seras récompensé… le bey de Kossovo n’a qu’une parole. »

L’escadron part au galop, suivi des fantassins qui prennent le pas gymnastique.

De Lopat, on compte environ soixante-cinq kilomètres jusqu’à Gavesevo, situé en territoire bulgare, juste à la frontière.

Marko se dit, en songeant aux fugitifs :

« Des gens qui se battent depuis trente-six heures ne pourront jamais fournir une pareille étape, surtout avec deux femmes et en pays de montagne.

« Il leur faudra bien se reposer, s’arrêter, souffler, ne fût-ce qu’un moment ! »

La troupe atteint le village de Makrès. Aussitôt, les habitants épouvantés se barricadent dans leurs demeures.

D’un coup de pied, Marko fracasse une porte.

« Avez-vous vu passer des gens armés, avec deux femmes et un enfant ?

— Je ne sais pas !… je ne sais pas !… non… non… personne… répondent des voix gémissantes.

— C’est bon !… je connais ça !

« Allons, camarades, flambez-moi toutes ces bicoques. Vous avez cinq minutes… cela vous reposera. »

En un clin d’œil les fantassins se ruent dans le village qui, d’un seul coup, s’embrase. Les malheureux à demi asphyxiés, près d’être grillés vifs, sortent en criant :