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la terreur en macédoine

la frontière, car elles suivent cette direction orientale où se trouve, on le sait, la principauté.

Là, du moins, après mille fatigues et mille dangers, les patriotes vont trouver un asile absolument inviolable.

Ils pourront résister à une armée pendant des mois entiers. À la condition, toutefois, qu’ils auront un approvisionnement de vivres et d’eau, avec des munitions en quantité suffisante pour défendre leur pont.

Ce pont, en effet, est leur unique moyen de communication avec le monde extérieur. Et il ne semble pas y avoir de matériaux pour en construire un autre, s’il venait à être détruit.

Le crépuscule tombe au moment où l’arrière-garde s’arrête devant les grottes.

« Ils arrivent !… les voici !… crient des voix enthousiastes. Salut à nos braves amis !… et vive Joannès ! »

Tous les patriotes accourent et font une ovation chaleureuse à ceux qu’ils n’espéraient plus revoir.

Mais des imprécations mêlées à des coups de feu interrompent soudain ces fraternels épanchements.

De la redoute partent des cris d’alarme que couvrent les détonations assourdissantes des martinis.

« Alerte !… c’est l’ennemi… alerte !… »

Malgré l’heure avancée, malgré la terrible fatigue qui doit les écraser aussi, les Turcs, sans hésiter, brusquent l’attaquent. On les voit s’avancer, en rampant, sur le pont, pendant que leurs camarades, embusqués à droite et à gauche, font un feu d’enfer pour protéger leur audacieux coup de main.

Le pope et Joannès arrivent des premiers.

« Par le Dieu vivant ! gronde Athanase, il faut exterminer ces mécréants jusqu’au dernier. »