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la terreur en macédoine

L’opération s’est effectuée dans une boîte à conserves ouverte par un bout. Joannès brandit le vase de fer-blanc et le lance à toute volée contre un rocher, en ajoutant :

« Tenez… la preuve ! »

À peine achève-t-il ce mot qu’une détonation violente retentit, se répercute en grondant à travers les montagnes, et s’éteint, renvoyée à l’infini par les échos.

Le choc a suffi pour déterminer l’explosion réellement assourdissante, et hors de proportion avec la faible quantité de matière contenue dans la boîte.

Il y a d’abord un moment de stupéfaction. Puis un long cri de triomphe jaillit de toutes les poitrines, se mêlant aux derniers grondements de l’explosion.

Alors seulement les intrépides patriotes commencent à entrevoir cette délivrance qu’ils n’osaient plus espérer. La dynamite dont ils connaissent les effets destructeurs rompant enfin la muraille de granit, éventrant la montagne et leur procurant une issue, vers la terre de liberté.

À leur cri d’enthousiasme répond un hurlement sauvage qui s’élève là-bas, au flanc des monts, de l’autre côté du précipice. Et cette clameur, à laquelle se mêlent de bruyants éclats de rire et des applaudissements, semble indiquer chez l’ennemi une surprise joyeuse, une victoire inespérée.

« Je vais voir, si tu le permets, chef, dit Panitza.

— Va ! mais sois prudent. »

Le jeune homme se coule agilement vers la redoute, met l’œil à une meurtrière et frémit jusqu’aux moelles.

À moins de cinquante mètres, en contre-bas, au