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la terreur en macédoine

battants, et il est homme à les sacrifier jusqu’au dernier pour assurer sa vengeance.

L’essentiel est donc de remonter le plus vite possible les matériaux du pont et de regagner les instants perdus.

Pendant qu’ils s’acharnent ainsi, les patriotes ne restent pas inactifs. Laissant pour un moment les appareils qui distillent sans relâche le mélange d’argile et de salpêtre, Joannès est retourné au fond de la grotte pour examiner de nouveau la paroi de granit qu’il veut effondrer.

Il fait élargir le puits creusé en dernier lieu, de façon à en rendre l’accès plus facile et à dégager amplement la masse rocheuse. À la partie inférieure, il remarque un gros bourrelet faisant une forte saillie et il se dit :

« C’est là que doit porter la poussée de l’explosion.

« Ah ! si j’avais le temps ! seulement quelques jours !… Mais les minutes nous sont comptées et l’ennemi avance !…

« Allons, frères !… courage et espoir. »

Du courage, ils en ont à revendre. De l’espoir, l’expérience faite tout à l’heure vient de l’augmenter.

Mais ce temps qui s’écoule !… mais ces minutes qui filent avec une vitesse effrayante, pendant que lentement… lentement, avec cette énervante monotonie des choses inertes, suintent des appareils ces minuscules filets d’acide que l’on voudrait voir sortir à flots !

Cependant Joannès, ayant déterminé l’emplacement de la mine, estime qu’il faut commencer de suite la fabrication de la nitroglycérine. Chaque appareil lui