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la terreur en macédoine

offerte ses amis et ses admirateurs du pays bulgare.

C’est l’insigne du commandant, le seul qui le distingue de ses soldats. Il le porte d’ailleurs sans gloriole. Mais plutôt pour honorer ceux qui, en lui faisant hommage, ont témoigné leur sympathie pour la cause des patriotes.

En bouclant le ceinturon, il vient de dire, sans forfanterie, mais avec son accent d’implacable résolution :

« C’est avec ce sabre que je frapperai Marko ! »

Il fait l’appel. De mémoire, sans liste et sans carnet. Il a pour tous, individuellement, un bon sourire, un mot d’affection. Chacun répond : Présent ! Même les femmes qui, appuyées sur leur carabine, ont pris l’attitude, le vêtement et surtout l’énergie des hommes.

Depuis longtemps le sifflet s’est tu. Rislog n’a pas encore reparu. Pendant que les patriotes accourent, s’arment et s’organisent, il accomplit froidement son œuvre de destruction.

D’abord il s’assure que le générateur est toujours en pression et il charge les soupapes. Cela fait, il arrose de pétrole tout ce qui est de bois : hangars, piliers, charpentes, etc.

Puis, froidement, sans sourciller, il y met le feu. En un clin d’œil les flammes envahissent tout, comme une pièce montée dé feu d’artifice.

Il revient près de Joannès au moment où finit l’appel des volontaires. Il ramasse le havresac renfermant ses appareils et, se penchant à l’oreille du jeune chef, lui dit à voix basse ;

« Prenons garde ! il y a parmi nous un traître… le misérable qui a si bien renseigné Marko.

« Or, sous les ruines de l’usine les souterrains de-