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Page:Boussenard - La Terreur en Macédoine, Tallandier, 1912.djvu/324

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la terreur en macédoine

« Marko !… Mort à Marko le Brigand… »

Ils vont se précipiter vers le monceau croulant où vibre, dans ce qu’elle a de plus déchirant, la douleur humaine, quand un cri de fureur, ponctué d’un juron, échappe à Joannès :

« Malédiction !… Un second train !… »

C’est vrai ! Les deux lanternes d’une locomotive apparaissent, là, tout près, à deux cents mètres, peut-être moins !

Joannès comprend tout. Deux trains militaires se suivent, bondés de troupes et de matériel. Le premier, anéanti, sert de pilote au second… et, certainement, Marko est dans ce dernier.

Déjà la machine ralentit sa marche… elle va stopper, descendre du monde… Un bataillon… ou bien reculer dans les ténèbres et battre en retraite.

« Marko !… Je veux Marko !… gronde Joannès… Il me le faut, quand je devrais y laisser ma peau ! »

Un projet audacieux, terrible, vient de traverser son esprit.

D’une voix de tonnerre, il jette un commandement qui domine les clameurs exaspérées de ses hommes.

« Que personne ne bouge !… attendez-moi !… »

Tel est l’ascendant qu’il exerce sur eux que les cris s’arrêtent subitement. Le silence s’établit et chacun s’immobilise, les mains crispées à la carabine.

Joannès bondit au milieu de la nuit. Il disparaît, courant à la rencontre du second train. Il l’atteint au moment précis où le mécanicien et le chauffeur, terrifiés, viennent de stopper.

Les freins, serrés à bloc, grincent sur les roues qui patinent sur les rails brûlants. Dans une seconde, on va faire machine en arrière.