« En avant ! »
Le peloton, diminué d’un combattant, s’élance au triple galop dans la plaine de Kossovo. Malheureusement, le coup de revolver a été entendu par les vedettes. L’éveil est donné. De tous côtés on crie : « Aux armes ! » Les fantassins se groupent, les cavaliers s’affermissent en selle, prêts à prendre la poursuite.
On aperçoit ce peloton qui file manteaux au vent, en désordre, et quelqu’un, regardant attentivement ces étranges cavaliers, s’écrie :
« Mais ils n’ont pas de sabre ! »
On s’étonne. On s’inquiète. Puis, d’instinct, des chefs vocifèrent de leur plus belle voix de commandement :
« Halte !… halte !… arrête… arrête ! »
Un trompette sonne la halte et la fanfare porte à une demi-lieue. D’instinct, les chevaux tentent d’obéir. Mais les cavaliers les talonnent durement, et ils détalent de plus belle.
Il y a là rébellion, désertion ou trahison. Brusquement, les chefs ordonnent le feu. Des coups de martini éclatent en salves serrées.
Déjà le peloton est à plus de quatre cents mètres. Oh se presse trop, comme toujours, et pas une balle ne porte.
Tout à coup, un géant chamarré sur toutes les coutures apparaît, flanqué d’un léopard apprivoisé, et suivi d’un brillant état-major.
Des cris d’enthousiasme retentissent :
« Vive le pacha !… vive le bon pacha !… vive Marko !… »
Il voit le peloton qui file bride abattue. À l’aspect