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la terreur en macédoine

— C’est toi qui mens, Marko ! réplique froidement Joannès.

« Et je vais te le prouver !

« Démètre, mon ami, coupe, je te prie, les liens de cet homme. »

Sans hésiter, le patriote tranche les cordes qui attachent les membres du pacha.

« Relève-toi, Marko ! » ajoute Joannès.

Stupéfait, le Brigand se dresse, s’étire, fait craquer ses membres, et machinalement porte la main à son sabre resté à son côté.

« Oui, tu devines, continue le jeune chef, je t’accorde le droit de te défendre seul contre seul… homme contre homme !

« Je serai ton adversaire !

« Oui, je consens à jouer ma vie contre la tienne… un duel à mort qui symbolise notre lutte de races… chrétien contre musulman… Macédoine contre Turquie !…

« En garde, Marko !

« Vous, camarades, formez le cercle ! »

Avec un ensemble parfait, les Patriotes, qui se tiennent sur un rang, partent des deux extrémités, s’écartent du centre et obliquent de droite et de gauche pour revenir souder les deux tronçons de cette ligne courbe.

Vu leur petit nombre, ils ont dû maintenir entre eux trois pas d’intervalle pour former un cercle irréprochable d’environ douze mètres de diamètre.

Au milieu se tiennent les deux adversaires. D’un grand geste large, le pacha arrache du fourreau son cimeterre damasquiné d’or. D’un mouvement sec, précis, Joannès tire son sabre. Pas un mot n’est pro-