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112 COQUILLES.


il en résulte ceci : supposons que le texte donnait cette phrase : « Les mots sont les signes de nos idées, » et que ce soit le g qui ait dansé une sarabande ; il est remis entre n et e, et il en résulte cette reine des coquilles : « Les mots sont les singes de nos idées. » Représentez-vous toute une édition ornée de cette bourde, et voilà l’auteur accusé de connivence avec le célèbre diplomate qui disait : « La parole a été donnée à l’homme pour déguiser sa pensée. »

Avant de faire défiler devant le lecteur bienveillant le bataillon des coquilles de toute sorte qu’une longue pratique nous a permis de recueillir, aidé en cela par quelques-uns de nos complaisants confrères[1], nous nous sommes fait cette question : « Quelle est l’étymologie de ce mot bizarre : coquille, dans son acception typographique ? »

Avouons-le tout de suite : nous l’avons cherchée, inutilement, hélas ! pendant plus de vingt ans.

Après avoir compulsé, sans succès aucun, un grand nombre de dictionnaires et d’ouvrages spéciaux, nous avons pris le bon parti. « Vous y avez renoncé, » direz-vous. — Que vous nous connaissez mal ! Nous avons imaginé une étymologie, nous souvenant à propos que cheval vient d’equus et caillou de silex.

Voici notre trouvaille : parmi les diverses cérémonies qui accompagnaient le mariage chez les Romains, il y en avait une qui s’est perpétuée en notre pays jusqu’à nos jours (dans les campagnes du Perche, on appelle cela danser la pochette rousse). Après

  1. Je remercie ici, entre autres, MM. Brueyre, Dambuyant, Granger, Lenoir, Monloup et Vandamme.