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XIVe siècle. Mitigations refusées.

demander si les tempéraments affaiblis supporteraient encore les austérités des anciens jours, et le pape Urbain V, voyant l’Ordre des Chartreux plus que décimé par la mort, crut de son devoir d’examiner si les survivants, trop peu nombreux dans chaque maison, ne succomberaient point écrasés sous le poids des observances primitives devenues trop lourdes à la suite de si rudes épreuves. Quant aux Chartreux, choisissaient-ils le moment opportun pour s’occuper de leurs Statuts, convenait-il bien à cette heure de fatigue et de découragement d’entreprendre un travail si délicat et si plein de difficultés, le titre seul de Nova Statuta donné à l’édition de 1368 n’était-il pas un nom de mauvais augure ? Ce que nous venons de raconter au sujet des mitigations offertes et même imposées par le Pape, nous fait bien voir que ce titre de Nouveaux Statuts ne peut éveiller, en aucune manière, l’idée de nouveautés, moins encore de relâchement dans la discipline ; si les Chartreux avaient eu le désir d’innover, l’occasion se présentait d’elle-même ; nous avons vu, au contraire, qu’ils défendirent vaillamment et avec succès leurs vieilles et vénérables coutumes. Sans doute, les Nova Statuta sont plus complets, plus détaillés que les Consuetudines du XIIe siècle, mais perfectionner est un louable et très heureux changement ; sans doute encore, il y a, en plusieurs points, des différences entre les Coutumes de Guigues et les Statuts de 1368, mais la Règle écrite pour une seule maison pourra-t-elle être appliquée, à la lettre, à cent cinquante répandues en tous pays, en tous climats ? Il y a des compensa-