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L’Arrivée. Le Pont Saint-Bruno.

çoient en Chartreuse. » Cette bonne œuvre avait été reprise de nos jours ; seulement, au lieu d’une douzaine d’enfants, il y en avait cinquante, sous l’habile direction des Frères de Saint-Gabriel ; ils étaient entretenus, recevaient une bonne éducation, apprenaient tous un métier, et, depuis quelques temps déjà, ces muets commençaient à parler !

Éloignons-nous de Currière et descendons au pont Saint-Bruno.

En regardant à droite, on découvre au fond de l’abîme une sorte de pont naturel très curieux : c’est un immense éclat de roc qui, descendant des montagnes voisines, est venu s’arrêter et se poser en travers sur les rives du torrent. Plus loin, on aperçoit le : pont Parant, construit vers 1500 pour la nouvelle route ouverte à cette époque dans ces parages.

Pendant quatre cents ans, il n’y eut aucun chemin de communication entre la Chartreuse et Saint-Laurent-du-Pont ; tout au plus pouvait-on suivre un sentier étroit et dangereux, lorsque le R. P. Dom Pierre Roux[1] se décida, en 1495, à tâcher d’établir une route assez large et assez sûre pour donner passage, non seulement aux piétons, mais encore aux bêtes de somme[2]. C’était, il faut bien le reconnaître, une entreprise colossale pour

  1. De la famille des Roux des Bettons. Voir Armorial du Dauphiné, par M. de Rivoire la Batie.
  2. En 1528, « Déclaration par laquelle Jean Meunier, hoste de la Paroisse, sollicite la permission de conduire une mule à Saint-Laurent en passant par la route neuve ». Analyse des titres de la Grande Chartreuse. Mss.