Page:Boutrais - La Grande Chartreuse (Nouvelle édition refondue et mise à jour), 1930.djvu/60

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 40 —

XIIe siècle. R. P. D. Guigues.

disparaît soudain et ne revient plus : cependant, le court passage de cet inconnu laisse une ineffaçable trace dans l’histoire de sa patrie d’adoption. Les étrangers du désert de Chartreuse, dit un auteur, furent appelés Hermites, et leur chef, l’Hermite par excellence. Son arrivée dans ce païs a même été une nouvelle époque : des actes de cette année-là n’ont d’autre date que celle-cy : l’an que l’Hermite est venu[1].

§2. — Les XIIe et XIIIe siècles.

Dieu avait préparé un homme du plus grand mérite pour continuer et affermir l’œuvre de saint Bruno, nous voulons parler du vénérable Guigues, cinquième Prieur de la Grande-Chartreuse. Entré dans l’Ordre en 1107, il se fit remarquer par la sainteté de sa vie et ses autres qualités, si bien que les Religieux le nommèrent Prieur peu de temps après, n’ayant encore que vingt-sept ans. Ce fut un grand honneur pour un tout jeune solitaire de se voir mis à la tête d’une communauté qui comptait parmi ses membres plusieurs des premiers compagnons de saint Bruno[2] ; Guigues se montra à la hauteur de sa nouvelle position. À une

  1. Chorier, Histoire générale de Dauphiné, t. II, p. 16. — Guy Allard s’exprime à peu près dans les mêmes termes : « On avait autrefois tant de vénération pour sa mémoire (de saint Bruno), qu’on y fit une époque à compter depuis sa venue. » Dictionnaire du Dauphiné, publié par H. Gariel, t. I, vo Bruno.
  2. Hugues le Chapelain ne mourut qu’en 1131. (Obituaire de la Grande Chartreuse, 21 octobre.)