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ÉTUDES D’HISTOIRE DE LA PHILOSOPHIE

Certes, il ne faut pas retomber dans l’erreur paresseuse des anciens historiens qui, lisant superficiellement cet auteur, ne surent y voir que le portrait d’un moraliste bonhomme ; il faut féconder les indications de Xénophon à l’aide de celles de Platon et d’Aristote. Toutefois il convient de n’user de ces dernières que comme le savant use de l’hypothèse, c’est-à-dire pour poser des questions, non pour les résoudre. Analyser les données de Xénophon en les interprétant et les développant par une induction scientifique dont Platon et Aristote fourniront les idées directrices : telle paraît être la méthode à suivre pour connaître Socrate d’une manière vraiment historique.

On doit d’ailleurs mettre à peu de distance des Mémorables l’Apologie de Platon, que la plupart des critiques[1] considèrent comme digne de foi quant à la substance, ainsi que certaines parties du Criton, du Phédon, du Lachès et du Banquet, parties qu’il est, à vrai dire, difficile de bien circonscrire.

Quelle est maintenant la pensée maîtresse de Socrate, définie de la sorte, autant que faire se peut, à son propre point de vue ?

II

Le premier résultat auquel on est conduit en faisant des Mémorables la source principale de l’histoire de la

  1. Schleiermacher, Zeller, Ueberweg et Srote.