Page:Boutroux - Études d’histoire de la philosophie.djvu/307

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Nul doute que cette philosophie ne soit, d'une manière générale, tournée vers la pratique. Bien qu'il aime à se retirer dans la solitude pour méditer, Descartes n'est nullement un philosophe de cabinet. Il a au plus haut point le sens du réel ; il se mêle aux événements de son temps, il fréquente des gens de diverses humeurs et conditions, il recueille les observations de chacun sur les choses qui le concernent. Il estime que la loi suprême, c'est de procurer, autant qu'il est en nous, le bien général de tous les hommes. Aussi son grand grief contre la philosophie des écoles, c'est qu'elle est purement spéculative et demeure stérile. Au lieu de cette philosophie, il en cherche une pratique, qui mette à la disposition de l'homme la force et les actions du feu, de l'eau, de l'air et de tous les autres corps qui nous environnent, et le rende comme maître et possesseur de la nature . Il rêve de préserver l'homme des maladies, peut-être même de l'affaiblissement de la vieillesse. Sa mort fut annoncée en ces termes par la Gazette d'Anvers : « En Suède un sot vient de mourir, qui disait qu'il pouvait vivre aussi longtemps qu'il voulait . »