Page:Boutroux - Études d’histoire de la philosophie.djvu/309

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maître. Ainsi jadis, dans l'ordre des choses morales, Socrate avait enseigné que l'habileté pratique poursuivie par les sophistes ne pouvait être atteinte qu'au moyen d'un détour, à savoir par la connaissance rationnelle de l'essence du bien. Et comme le type même de la théorie, la science royale, ce sont les mathématiques, Descartes s'appliqua à démontrer que tout, dans la nature, se fait mathématiquement. De là, tout d'abord, ses spéculations métaphysiques. Il prouve par les perfections de Dieu et le caractère clair et distinct de l'idée d'étendue que nous sommes en droit de tenir les qualités mathématiques pour l'essence même des choses matérielles. Il cultivera donc la mathématique, et son œuvre tout entière sera dominée par cette science ; mais c'est que dans la considération des choses à ce point de vue gît le moyen véritable de se les approprier . Et cette fin pratique, toujours présente à ses yeux, détermine la marche générale de ses études. Il ne s'attarde pas aux développements de la science qui n'auraient qu'un intérêt spéculatif. Il demande simplement aux mathématiques les quelques principes généraux qui lui permettront de fonder sur elles la mécanique et la physique. Ces sciences à leur tour n'ont besoin d'être développées que dans la mesure et dans le sens nécessaires pour rendre possible la science de la vie. Il