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DE L’INFLUENCE
DE LA PHILOSOPHIE ÉCOSSAISE
SUR
LA PHILOSOPHIE FRANÇAISE[1]


Messieurs,

Un poète d’une exquise originalité, André Chénier, devisant sur la méthode de travail de sa Muse, nous confie qu’elle butine de droite et de gauche et qu’elle emprunte sans compter :

Un juge sourcilleux, épiant mes ouvrages,
Tout à coup à grands cris dénonce vingt passages
Traduits de tel auteur qu’il nomme…

Et Chénier ajoute :

Que ne vient-il vers moi ? Je lui ferai connaître
Mille de mes larcins qu’il ignore peut-être…

Je ne sais pourquoi certains critiques aujourd’hui s’imaginent qu’il suffit de dénoncer une influence reçue

  1. Conférence faite à Édimbourg, le 13 juillet 1887, au meeting de l’Association franco-écossaise, et publiée dans la Revue française d’Édimbourg (sept. 1897) et dans les Transactions de la Société franco-écossaise (branche écossaise).