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426 ÉTUDES D’HISTOIRE DE LA PHILOSOPHIE

Cousin. Celui-ci, gagné à la philosophie par Laromiguière, avait d’abord été condillacien. Les leçons de Royer-Collard modifièrent peu à peu ses idées et le forcèrent à entrer dans le sentier « alors pénible et infréquenté », dit-il, de la philosophie écossaise. Un troisième maître, Biran, le forma de son côté à l’observation intérieure. Cousin étudia, comme Royer-CoIlard, la perception externe. Et ses élèves eurent plaisir à retrouver dans son enseignement cette aversion pour l’esprit de système, cette parfaite liberté d’esprit et de sincérité dans la recherche qu’ils rapportaient à l’heureuse influence des Écossais. Ainsi présentée, la philosophie séduisait les imaginations autant qu’elle satisfaisait les intelligences.

Victor Cousin était un esprit curieux, ardent, avide de nouveautés et en quelque sorte de révélations. D’un voyage en Allemagne, qu’il fit en 1817, il revint passionné pour la métaphysique et enclin au panthéisme. Il entendait toutefois demeurer fidèle à la méthode d’observation. N’exprimer que ce qui est dans la conscience, mais exprimer tout ce qui s’y trouve : telle est sa maxime. Et, bien que, dès maintenant, il soit attiré par Kant et les Allemands, il étudie la philosophie écossaise avec une sympathie évidente. Douze leçons de son cours de 1819-1820 sont consacrées à cette philosophie. C’est une des belles parties de son enseignement. Le regretté Mac Cosh, dans l’introduction à son histoire de la philosophie écossaise, disait de cette œuvre de Cou-