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les systèmes existants, nous place devant l’antinomie de l’infini et du parfait, et résout cette antinomie en faisant du parfait l’idéal et de l’infini le réel.

Enfin, la grande école rivale des écoles spiritualistes qui grandissait en France depuis 1830 devait, elle aussi, beaucoup à l’Écosse, puisque Auguste Comte appelait Hume son principal précurseur en philosophie.

C’est ainsi que la philosophie écossaise, selon les esprits qu’elle rencontrait en France, a provoqué soit de délicates et minutieuses analyses, soit d’originales spéculations sur la portée de la conscience, sur la nature et la valeur des premiers principes.

Elle a joué encore un autre rôle, plus modeste, mais très important, par la place qu’elle a prise dans l’enseignement des collèges. Il nous reste à en considérer l’action sur ce terrain spécial.


IV

L’enseignement de la philosophie dans nos collèges, au commencement de ce siècle, était un mélange de scolastique et de condillacisme. Il commençait par la logique et se continuait par la métaphysique et la morale.

Or, dès 1816, un professeur de philosophie du Collège royal de Bourbon, nommé Mauger, proposait de réorganiser cet enseignement d’après les principes exposés par Royer-Collard à la Sorbonne, c’est-à-dire